Prévisions conjoncturelles : une croissance inférieure à la moyenne dans un climat de grande incertitude
Berne, 18.03.2025 - Le Groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles revoit légèrement à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie suisse. Le PIB corrigé des événements sportifs devrait progresser de 1,4 % en 2025 et de 1,6 % en 2026 (contre respectivement 1,5 % et 1,7 % selon les prévi-sions de décembre) [1]. Ainsi, la croissance devrait être inférieure à la moyenne pour deux années supplémentaires. Ces prévisions se fondent sur l’hypothèse qu’il n’y aura pas d’escalade vers une guerre commerciale mondiale. En raison de la situation très incertaine qui prévaut, le SECO complète les prévisions du groupe d’experts par deux scénarios alternatifs.
Le PIB de la Suisse a enregistré une croissance solide au 4e trimestre 2024. Cette progression a été alimentée dans une large mesure par le secteur des services et l’industrie chimique et pharmaceutique, tandis que les autres branches de l’industrie manufacturière ont globalement stagné. Certains pans de l’industrie suisse continuent d’être confrontés à une situation difficile. Une croissance économique modérée est attendue pour ce 1er trimestre. À l’international, la situation est également mitigée. Aux États-Unis, la croissance devrait faiblir au 1er trimestre, tandis qu’en Europe, l’économie esquisse un démarrage timide en ce début d’année, selon les données actuellement disponibles.
Le climat général d’incertitude sur le front économique et commercial continue de peser sur les perspectives de l’économie mondiale et partant, sur la conjoncture suisse. Si les prévisions se fondent sur l’hypothèse qu’il n’y aura pas d’escalade vers une guerre commerciale mondiale (scénario de base), elles tablent toutefois sur un certain effet de frein. Les incertitudes actuelles compliquent les décisions d’investissement et ralentissent la conjoncture.
Dans ce contexte, il faut s’attendre à ce que l’économie mondiale enregistre une progression un peu plus lente que celle anticipée dans les prévisions de décembre 2024, avec un ralentissement des secteurs de l’industrie suisse d’exportation exposés à la conjoncture, des répercussions sur l’utilisation des capacités de production industrielle et un fléchissement des investissements. Le Groupe d’experts revoit légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour la Suisse en 2025 (1,4 %, contre 1,5 % en décembre). La croissance de l’économie suisse devrait ainsi être inférieure à la moyenne historique de 1,8 % durant l’année en cours, après deux années de croissance modérée. La demande intérieure devrait cependant continuer de stabiliser la conjoncture. Les faibles taux d’inflation (0,3 % pour 2025, prévisions inchangées) soutiennent les dépenses de consommation des ménages privés, tandis qu’une certaine hausse de l’emploi est attendue. Les activités de construction devraient également continuer à se redresser.
En 2026, les pays européens devraient progressivement émerger de la période de faiblesse actuelle et offrir l’occasion de dynamiser les exportations et les investissements suisses. Pour 2026, le Groupe d’experts prévoit une croissance de 1,6 % de l’économie suisse (prévisions de décembre : 1,7 %) et l’inflation devrait afficher un taux annuel moyen de 0,6 % (prévisions de décembre : 0,7 %).
La dynamique conjoncturelle modérée reste accompagnée d’une légère augmentation du nombre de chômeurs. En moyenne, le taux de chômage devrait s’élever à 2,8 % en 2025 et en 2026 (prévisions de décembre : 2,7 % pour les deux années).
Risques conjoncturels
Les incertitudes autour de la politique économique et commerciale internationale et de ses incidences macroéconomiques sont particulièrement grandes. Les prévisions actuelles partent de l’hypothèse qu’il n’y aura pas d’escalade vers une guerre commerciale mondiale. Des évolutions bien plus extrêmes restent cependant de l’ordre du possible. Le ralentissement de la conjoncture internationale qu’induirait un tel scénario négatif aurait des conséquences notables sur le commerce extérieur de la Suisse et sur sa conjoncture [2].
À l’inverse, la demande mondiale et la conjoncture européenne pourraient connaître une évolution plus favorable que prévu, notamment sous l’effet d’un stimulus budgétaire de grande ampleur, comme celui actuellement recherché par l’Allemagne. Un tel scénario positif doperait la demande d’exportations suisses, entraînant à la hausse la croissance économique domestique [2].
Dans l’ensemble, les risques à la baisse l’emportent actuellement sur le potentiel d’accélération. Les risques géopolitiques subsistent en particulier en raison des conflits armés qui sévissent au Proche-Orient et en Ukraine. Le risque de corrections sur les marchés financiers restera selon toute probabilité élevé. L’inflation à l’international pourrait également perdurer et retarder l’assouplissement attendu des politiques monétaires dans les grands espaces monétaires. Les risques liés à l’endettement international, les risques bilanciels auxquels font face les institutions financières et les risques de corrections sur les marchés immobiliers et financiers seraient alors exacerbés. En cas de concrétisation de certains risques, il faudrait s’attendre à voir le franc suisse sous pression haussière.
[1] Les présentes prévisions ont été finalisées le 10 mars. Pour de plus amples informations concernant les prévisions du Groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles, veuillez consulter le chapitre « Prévisions conjoncturelles » des Tendances conjoncturelles du printemps 2025, ainsi que la page www.seco.admin.ch/previsions-conjoncturelles.
[2] Voir les scénarios du SECO complétant le chapitre « Prévisions conjoncturelles » des Tendances conjoncturelles du printemps 2025.
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Dernière modification 14.05.2024
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